Quatre pour quatre ! semaine 4  proposé par Alhazen

Le Réal a oublié ses fureurs automnales
Comme l'année, il coule des jours sereins
Dans la blondeur rousse des feuillages caduques
Il est miroir mouvant où s'effacent les reflets
Tout a la lenteur d'une saison qui cultive
Le chuchotement des sources et le gargouillis des rus.

Drupes et baies se sont gorgées de la lumière de l'été
Les villages ont des odeurs de cuves qui fermentent
Les châtaigniers délivrent de leurs bogues les marrons luisants
L'olivier ploie sous la charge de ses fruits
Secoué avec délicatesse, il saura s'en délivrer
Avant que de la première presse, naisse le trait vert de l'huile.

Le paysage a retrouvé les longues ombres qui fuient
Alors que le soleil signe des couchers flamboyants
La campagne porte en elle l'oeuvre de tant d'hommes
Qui ont appris de la terre, la culture millénaire
Et pareils à des soldats emperruqués, avec sagesse,
Les oliviers y tissent toujours des rêves de gloire athénienne.

La vigne a roussi, les vieux ceps noircis ont donné leurs grappes
Ô bacchanales échevelées dans l'orgie dionysiaque
Ne reste de vous que le chant de ce vent fou venu de Rhône
Ratissant les grapilles et tordant les dernières feuilles
Alors que la lune bleue inonde votre ciel
Où grelottent les étoiles dans le froid des nuits noires.