Quatre pour quatre. Semaine 2. proposé par Suzanne
Complainte du platane
Malade, je suis malade
J’ai mal à mon écorce
J’ai mal à mon tronc perforé
Le chancre l’a dévoré
Où sont passés les rêves des enfants?
Ils lisaient de fabuleuses histoires
Quand de leurs petits doigts agiles
Ils soulevaient les fines pellicules
Qui se desquamaient sur mon tronc
Il y était question d’oiseaux, de souriceaux
D’êtres et de lieux fantastiques
Avec délices je les écoutais, ils me berçaient
Mes feuilles s’agitaient, leurs rires fusaient
Imprégnaient ma sève et je me réjouissais.
Maintenant que je meurs doucement
Ne jouent plus avec moi les enfants
Ils ont entre leurs doigts un engin noir
Et tapotent dessus sans me voir
Ils ne parlent plus, n’échangent plus
Aucun regard vers moi qui les abrite encore
De mon feuillage tremblant et pâlissant
Et de ce tronc qui lentement se perfore
J’entends le vent qui me rappelle ce temps
Où mes frères et moi, jeunes et fringants,
Poussions comme des champignons
Dans les villages et les cours d’école.
Triste destinée dans ce monde sans pitié
N’aurai-je plus jamais aucun rôle
Ne me reste-t-il plus qu’à chanter:
Malade, je suis malade.
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