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Lucie de Syracuse



Les deux femmes écoutaient le récit de l'homme qui les avait conduites au tombeau d'Agathe en compagnie d'une foule nombreuse.

Euthicie, la mère était malade et souffrait d'un mal terrible qui la rongeait lui nouant les intestins et lui faisant perdre continuellement du sang.

Sa fille Lucie lui dit: « Voyez mère comment Agathe a souffert pour notre Seigneur. Si vous touchez son tombeau vous serez guérie ! Avez-vous entendu comment le gouverneur, parti récupérer les biens de la pauvre Agathe fut mordu par ses chevaux et reçut un coup de sabot qui le fit disparaître dans le fleuve où il roule sans jamais trouver le repos des bienheureux. Croyez en la toute puissance de Jésus Christ et vous serez guérie ! »

La foule était maintenant partie et les deux femmes se mirent en prière près du tombeau d'Agathe à Catane. Elles venaient de la cité voisine de Syracuse où, famille noble et respectée, elles disposaient de nombreux biens.

Rome avait changé d'empereur mais pas de politique. Depuis Trajan Dèce, l'empire avait épuisé seize empereurs en cinquante années, morts au combat, assassinés, destitués, la suprême récompense toujours convoitée faisait naître mille jalousies mortelles dans les rangs du pouvoir.

Dioclétien régnait avec Maximien Hercule depuis l'année 284.

Il avait repris les interdits religieux et la chasse aux chrétiens dont il brûlait les livres saints et demandait qu'ils renoncent à leur croyance sous peine de mort.

Cela n'empêchait pas Lucie d'avoir une foi inébranlable !


Mais la fatigue l'emporta et les deux femmes tombèrent dans un sommeil réparateur.

Un rêve vint visiter Lucie.

Elle voyait Agathe resplendissante et ornée de magnifiques bijoux, lui parler en souriant:

« Ma sœur Lucie, pourquoi me demander ce que tu as toi-même obtenu par ta foi et ton amour envers notre Seigneur. Va en paix car tu as guérie ta mère ! »

Lucie se réveilla toute troublée et encore pleine de ces paroles d'espoir.

-Mère réveillez-vous !

Euthicie ouvrit les yeux et fut étonnée de ne ressentir nulle fatigue.

Mais sa mère, qui savait qu'on avait déjà accepté un prétendant pour une future alliance, se trouva embarrassée et ne put que lui répondre

Et c'est ainsi que l'on vendit quantité de biens en gardant la part de Lucie qu'elle distribuait à des pauvres, toujours de plus en plus nombreux depuis que le bruit de cette distribution charitable s'était répandu dans la cité.

Le prétendant eut peur de ne plus trouver les richesses espérées et s'en alla demander les raisons de ce curieux comportement.

Une servante lui répondit que Lucie envisageait un achat plus rentable et qu'elle bénéficierait d'une plus grande fortune ensuite.

Il pensa que l'on voulait acheter quelque lupanar de luxe et il aida même à vendre plus cher les biens proposés, ce qui fit augmenter la part distribué.

Mais il s'aperçut trop tard qu'on l'avait égaré et que Lucie avait perdu tous ces biens par cette maudite charité. Il en conçut une colère terrible et s'en alla dénoncer les pratiques chrétiennes de Lucie auprès du consul Pascasius.

Ce dernier y vit une belle occasion de faire plier ces riches nobles, espérant une prompte promotion de la part des Césars.

Le consul fit venir Lucie et lui demanda de renier sa croyance et de faire des sacrifices aux idoles de Rome, pour respecter les lois de mes Césars.

-Tu obéis aux lois de tes supérieurs, moi j'obéis à la parole de mon Dieu. Tu as peur de tes césars, moi j'ai peur de mon Dieu. Fais ce que tu dois, moi je sais ce que j'ai à foire. Le seul sacrifice que je consens est celui de donner mes richesses aux pauvres au nom de mon Seigneur, et comme je n'ai plus rien je lui fais sacrifice de ma vie.

-Balivernes de chrétien. Tu as distribué tes biens à des corrompus qui débauchent l'esprit et le corps!

-Je sais que ma fortune est bien placée et je connais les corrompus et débauchés, ils ne sont pas de mon monde.

-Et qui sont-ils ?

-Ce sont gens comme vous qui forçaient à abandonner la croyance en notre créateur pour celle d'idoles de pierre et qui préfèrent les jouissances corporelles à celles qui sont éternelles.

-Tu seras moins bavarde lorsqu'on te fouetteras jusqu'au sang !

-On n'arrête pas la parole de Dieu !

-Alors voilà que tu dis être Dieu maintenant !

 

On ramena le jeune vierge devant le consul qui s'irrita de la voir de nouveau combative et rayonnante.

-Alors es-tu toujours aussi bavarde et tes paroles aussi outrageantes ?

-Mon Dieu me dit que devant ceux qui se disent grands et puissants, notre parole est celle du Saint Esprit qui parle à travers nous!

-Alors tu es habitée par le Saint Esprit !

-Comme tous ceux et toutes celles qui ont fait vœu de chasteté et de virginité.

-Et bien dans ce cas nous allons te faire subir les derniers outrages et comme cela tu ne seras plus habitée de ton Saint Esprit.

-Vous pourrez me faire tous mes sévices possibles, mon Dieu sait que mon esprit n'y consent pas et ne m'en tiendra pas rigueur.

_Tu parles encore trop. Et bien je demande de rassembler tous ceux qui voudront profiter de ton corps de vierge pour qu'ils en usent et en abusent à leur fantaisie.

Ce fut une ruée de débauchés qui se présentèrent pour la curée.

-Qu'on leur livre cette effrontée de chrétienne.

Les gardes la prirent par les poignets. Elle en résistait pas mais ils ne pouvaient la bouger de sa place, elle restait debout fière et tranquille.

-Et bien ! Qu'attendez-vous ?

On ne peut la déplacer.

-Envoyez d'autres gardes !

On lui prit la taille, les jambes pour la soulever mais rien n'y fit ! La foule était stupéfaite de cette magie. Le consul s'irrita et demanda que l'on fit venir mille hommes et des cordages. Mais rien n'y fit.

-Que l'on rajoute mille bœufs à l'attelage !

Le consul, déconfit, ne put que constater l'échec des ces misérables tentatives. Lucie priait et rendait grâce à son seigneur.

On discuta, on prit conseil , on chercha quelque remède pour contrer ce maléfice!

On trouva.

-Que l'on urine sur son corps et la magie ne pourra plus opérer.

On inonda le pauvre corps. Mais il resta immobile.

Le consul était en rage. Pour le contenter on préconisa la flamme.

On, la recouvrit de poix , de résine et d'huile bouillante.

Et Lucie parlait toujours:

-Ces supplices ne sont que peu de chose quand mon Dieu en chasse les douleurs.

On alluma le feu qui devait la consumer, mais les flammes jamais ne s'approchèrent de son corps virginal.

-Croyez en notre Seigneur et les souffrance vous seront enlevées.

Ne supportant plus cette voix calme et sans crainte, les gardes lui traversèrent la gorge de leurs épées.

Mais la voix était toujours là qui disait:

-Le règne de Dioclétien et de Maximien est terminé et les chrétiens n'ont plus de hantise. Comme Agathe, sainte patronne de Catane, je serai sainte patronne de Syracuse.

Des envoyés de César se saisirent de Pascarius et l'amenèrent à Rome où on le jugea et le condamna pour avoir ruiné toute la Province.

Lucie réclamait les prêtres et ils finirent par arriver. On lui apporta les sacrements et la voix s'éteignit.



La lumière de sa foi avait avait vaincu les flammes !