Henri fils d'ADRIEN.
Le bonheur à trois ne dure que quelques années.
En 1858 Catherine ferme pour toujours les yeux de l'homme qui l'a tant aimée et explique au petit bonhomme:
-Pa est au ciel pour se reposer.
-Mam, qu'est ce qu'on va faire sans papa ?
La mère s'agenouille devant l'enfant met son regard dans le sien, une grande tendresse les projette dans les bras l'un de l'autre, en sanglotant elle avoue:
- Travailler mon petit homme , c'est tout ce qu'on sait faire !
Deux jours plus tard sous un ciel lourd et nuageux un percheron fatigué,prêté par le métayer voisin, tire la charrette où le cercueil sans fleurs tient difficilement l'équilibre.
Le convoi est obligé de contourner les branches tombées pendant la nuit, trop lourdes pour être déplacées elles encombrent le chemin.
En tête du cortège le garçonnet étriqué dans sa veste rapiécée serre trés fort dans sa petite main celle tout aussi fragile de sa mère.
Les larmes coulent doucement sur leur visage.
Derrière eux quatre hommes suivent, silencieux et génés par leurs costumes et chapeaux inhabituels.
Puis les femmes en robes longues et ternes. Elles ont pris soin d'endeuiller leurs coiffes en y cousant un large ruban noir.
Seul le bruit des sabots et le cri d'un hoche- queue jaillissant d'une haie d'aubépine troublent le silence de ce début de matinée.
Le cimetière où poussent beaucoup d'herbes folles ceinture l'église, faite de pierres grises elle domine de peu la haie plantée d'espéces variées.
Sous le porche le curé attend la procession funèbre,encens et eau bénite accompagnent sa bénédiction.