Le courage.
( Il faut sa voir quitter la table , lorsque l'amour est desservi )
mon cœur est ravagé, de honte et de rancune
celle pour qui on décrochait la lune
la traîtresse est partie sans vergogne
Ah! Ce godelureau à la tête d'ivrogne
me comparer à lui, j'ai une rage folle
et mon âme égarée, doucement se désole.
Et puis , j'ai lâché prise , j'ai refoulé ma peine
j'ai fermé le tiroir où j'ai logé ma haine.
Publié le : Samedi 31 octobre 2020 @ 17:11:45
L'affaire avait fait grand bruit, dans le village.
Figurez vous.....le vieux Albert , à peine parti vers d'autres paradis, que sa maison était squattée par quelque mécréant, peut-être venu du village voisin.
Le maire, ayant eu vent de l'affaire, prît les choses aux sérieux.
Les badauds attirés comme de mouches sur du miel, se délectaient de ce qui devait être un scandale.
Monsieur le maire avait revêtu son écharpe tricolore, on allait voir, ce que l'on allait voir.
_ Ola criât il, d'une voix tonitruante, que l'on se montre aux autorités.
Un homme encore jeune, dans la force de l'âge fit son apparition.
Chemise claire, manches retroussées, on voyait bien que cet homme était un travailleur manuel, ces mains étaient larges, ainsi que ses épaules.
Le maire l'apostropha en ces termes :
_ Savez vous, jeune homme, que je détiens l'autorité locale, et que je pourrais mander, la marée chaussée, qui aura tôt fait de vous chasser manu militari.
_ Vous ne le pourrez point..
_ Je le pourrais vous dis je.
_ Monsieur le maire, baissez le ton , je vous en conjure.
_ Jeune homme, vous commencez à m'échauffer les oreilles.
_ Tout doux , monsieur, j'arrête là cette taquinerie.
Si vous ne pouvez rien contre moi, c'est que.....c'est que.....
Je suis le fils d'Albert et Josette, et l'héritier légitime de cette maison et des terres qui l'entourent.
Publié le : Lundi 21 septembre 2020 @ 16:23:49
Je cheminai, un peu perdu dans mes rêves, et l'esprit embrumé par les soucis quotidiens.
Faire bouillir la marmite, veiller aux études des enfants, les mener dans le droit chemin,
puis, au moment où je lève la tête je vois.....
Je vous vois venir, vous pensez, ce rigolo vas nous conter des balivernes.
L'histoire est entièrement vraie, puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre.
Note :Consigne: utilisez quelques citations de Boris Vian pour construire un texte qui les contiendra.
Illustration: Gustave Doré. Le mendiant
Publié le : Jeudi 20 février 2020 @ 19:33:10
En remontant le chemin caillouteux qui menait vers un vieux mas provençal, de loin, on pouvait l’apercevoir, assis sur une pierre de meule renversée, tel, le penseur de Rodin, le poing fermé sur son menton anguleux.
Ce qui surprenait, c’etait le ton basané de son visage.
Il faisait penser à la couleur des sacs de cuir, que les élégantes arboraient, les dimanches à la messe de onze heures.
D’où venait-il, ce Jean des collines? Nul ne le savait, ou personne n’osait aborder le sujet.
Lorsqu'on s’aventurait à demander son âge, il plissait les yeux, et invariablement répondait, "tu n’étais pas né !"
Ce qu’on savait, c’est qu'il entretenait, cette culture étagée, nous, on leur dit : des restanques.
Invariablement, il remettait en place, les pierres, que les pluies torrentielles d’été, dérangeaient.
En regardant ses mains, on pouvait voir ses veines bleues et saillantes, à elles seules elles contaient une vie d’âpre labeur.
Encore, à son âge, il montait au plus haut de la restanque, il avait attelé une jeune jument, que le vieux Grégoire d’en bas lui prêtait gracieusement.
Il piquait le soc, dans la terre encore meuble, de la dernière pluie, et hue disait-il à Vagabonde, qui s’arrachait avec force et plaisir, trop heureuse de dégourdir ses pattes.
Jean prenait toujours soin de contourner les racines des oliviers centenaires.
Il avait un respect profond pour ces vieillards chenus, il leur parlait caressant leur écorce rugueuse, on ne sait s’il nouait un dialogue, c’etait un mystère.
Publié le : Vendredi 13 décembre 2019 @ 13:06:49
Mon père a été un point d’ancrage, un barycentre autour duquel je me suis construit.
On ne le sait pas quand on est enfant, on le découvre plus tard quand on hérite des valeurs qui étaient les siennes.
Mon père était cordonnier. Cordonnier mais aussi coupeur. Il travaillait en ville dans quelque atelier qui me paraissait si loin que je n’ai aucun souvenir d’y être allé souvent.
Il me suffisait de le voir chez nous où il avait recréé son monde de manière à y officier.
C’était dans mes huit ans, cet enchantement silencieux de simplement m’asseoir là sur un petit tabouret, un peu bancal, et de le regarder, simplement le regarder.
Il avait des gestes précis mais doux, hérités d’un long apprentissage, ses mains fortes savaient s’assagir et caresser le cuir afin d’en connaitre le grain, le caractère, en assurer la domesticité, le libérer de sa mémoire de bête.
Il a toujours voulu faire bien pour faire beau.
Après que les deux fussent en communion, la main et le cuir, il y avait toujours cette phase qui me donnait des frissons. Le tranchet trouvait sa trajectoire gourmande dans la peau assouplie et mon père découpait des territoires de couleur. Les formes de ces continents éphémères me paraissaient curieuses et toutes différentes, sans se parler l’une à l’autre.
J’attendais alors la magie, sans un mot, avide de voir s’assembler ces fragments dépareillés pour que naisse l’objet terminé, finement cousu de ligneuls passés par l’alène qui me paraissait gigantesque.
Publié le : Jeudi 05 décembre 2019 @ 10:25:14